Construire une serre ? Rendez-vous avec Frédéric Saby…

Qu’elle soit pédagogique, dédiée à la production de végétaux, centre de recherche ou destinée à abriter des plantes ornementales, chaque serre répond à un cahier des charges bien précis. Depuis son arrivée au CRITT Horticole en 1990, Frédéric Saby assure la maîtrise d’œuvre de ce type de projets.

Tomates ou gerberas ?

À l’œil nu, les serres peuvent toutes se ressembler. Pourtant, il suffit de passer quelques minutes avec Frédéric Saby pour approcher un univers complexe où tout est réfléchi : le fonctionnement et les équipements techniques font l’objet d’études très abouties. Selon la culture, il va falloir chauffer, rafraichir, ventiler, irriguer, éclairer, confiner, protéger, évacuer… « Une serre pour des tomates ne ressemblera pas à une serre pour faire pousser des gerberas », souligne Frédéric. Cet ingénieur horticole formé à l’École de Versailles rappelle que c’est bien la plante voulue au départ qui est au centre des questions dirigeant toute la conception de la serre.

Qui fait appel au savoir-faire du CRITT Horticole en matière d’ingénierie de serres ? « Des établissements scolaires formant de futurs professionnels, des centres de recherche publics ou privés pour sélectionner des semences ou des plants, des services Espaces verts de collectivités, des jardins botaniques, des producteurs… Les demandes sont très variées avec deux possibilités : soit nous intégrons une équipe de maîtrise d’œuvre constituée par un architecte. Dans ce cas, nous intervenons sur un aspect du projet, comme ce fut le cas pour les serres de Roland-Garros (Lien officiel), où nous avons géré les équipements intérieurs et conseillé sur la conception de la serre proprement dite, répond Frédéric. Soit on assure la maîtrise d’œuvre globale, de la conception à la réalisation, ce que nous avons fait par exemple pour la serre de la ville d’Évreux. »

Esquisse, avant-projet, DCE…   

Si les formes de serres sont souvent standards, avec malgré tout des largeurs et les longueurs variables, tous les autres éléments de la serre sont conçus sur mesure. À partir d’une esquisse, l’équipe effectue un avant-projet intégrant le prédimensionnement des ouvrages et équipements. Celui-ci, une fois validé, va servir de base pour rédiger le cahier des charges et réaliser les plans techniques, pièces essentielles dans la constitution du DCE – Dossier de Consultation des Entreprises.

Complété avec les études des sols, les prescriptions en termes d’hygiène et de sécurité et le cahier des charges administratives, le DCE fournit aux entreprises consultées l’ensemble des informations leur permettant d’établir leur offre. « Notre rôle de maître d’œuvre consiste à analyser les offres en termes de conformité, de capacité de l’entreprise, de prix, de délai, de solutions proposées, de fiabilité des sous-traitants, puis de finaliser un classement à l’aide d’une grille de notation. À partir de celle-ci, nous remettons notre préconisation au maître d’ouvrage. Une fois le prestataire choisi, le chantier peut être lancé, et nous entrons dans la phase d’exécution. »

Commencent alors de nombreux déplacements pour Frédéric et ses collègues. « Nous allons dans toute la France pour suivre les constructions des serres, tous les 15 jours si c’est un peu loin de Rochefort comme en moment où nous avons un chantier à Épernay et un autre que nous avions près d’Avignon. Sinon, nous visitons le chantier une fois par semaine, surtout si nous sommes en charge de la mission OPC (Ordonnancement, Pilotage, Coordination). L’objectif est d’assurer la bonne organisation entre toutes les entreprises, jusqu’à la réception de fin de travaux. »

Trouver des solutions innovantes

Sous les verrières des serres, les innovations fleurissent. Cela tombe bien parce qu’avec leur formation scientifique et leur expérience des plantes, les équipes du CRITT Horticole aiment relever les défis !

Frédéric se souvient ainsi de cas « où nous avons dû imaginer des équipements inédits». Il fait par exemple référence à un projet de serres confinées pour tester des cultures de maïs et de blé OGM. « Le caractère OGM de ces expérimentations nous obligeait à éviter les sorties de pollen, mais une serre n’est jamais étanche à 100 %. Nous avons donc mis la serre en dépression pour limiter les fuites, tout en climatisant l’atmosphère avec une centrale de traitement d’air et un système de rafraichissement adiabatique (sans transfert thermique). Ce dernier en fabriquant de l’air frais par la simple évaporation d’eau est d’un fonctionnement plus économique que les centrales de traitement d’air qui nécessitent de produire de l’eau glacée par des chillers (groupes d’eau glacée).»

Optimiser tous les flux, limiter les dépenses d’énergie, expérimenter de nouvelles pratiques… avec les spécialistes du CRITT, les cultures sous serre trouvent un terreau fertile pour s’épanouir.